Coliques du nourrisson : causes, symptômes et solutions
Sommaire
Le terme de coliques du nourrisson est généralement utilisé de façon inappropriée pour des épisodes de pleurs intenses, survenant en particulier en fin de journée. Le terme « coliques » est ambigu car il évoque le tube digestif, et spécialement le colon ou l’intestin. Mais ce terme est utilisé en médecine pour parler de douleurs intenses et dans des situations n’ayant pas obligatoirement de rapport avec le tube digestif, comme pour les coliques néphrétiques (souvent provoquées par un calcul rénal) ou les coliques hépatiques (douleurs dues à un calcul biliaire) par exemple. En réalité, on ne connaît pas les causes exactes des "coliques du nourrisson", qui n’ont donc pas de définition médicale précise. Bellaïche M, Coliques du nourrisson : comment lutter contre la crise, Pédiatrie pratique N° 234 janvier 2012 Bocquet A, Coliques du nourrisson : le point de vue du pédiatre libéral, Pédiatrie pratique N° 234 janvier 2012
Actuellement, les experts s’accordent à dire qu’il faudrait remplacer le terme "coliques du nourrisson" par "pleurs excessifs du nourrisson", car ces pleurs intenses sont le plus souvent sans rapport avec le tube digestif ! Il est cependant difficile de définir l’adjectif « excessif ». Pour des parents anxieux, les pleurs de leur bébé seront plus vite caractérisés comme excessifs et cela d’autant plus s’il s’agit de leur premier bébé et s’ils sont isolés, sans famille proche. Pour les scientifiques, les pleurs excessifs étaient définis par la classique règle de Wessel :
- Plus de 3 heures par jour
- Pendant 3 jours par semaine
- Depuis plus de 3 semaines
Désormais, ce sont les critères de Rome IV qui définissent les pleurs excessifs comme :
- Des pleurs ou une agitation pendant 3 heures ou plus par jour,
- Pendant 3 jours ou plus,
- Pendant la semaine écoulée Zeevenhooven J, Koppen I J N and Benninga MA, The New Rome IV Criteria for Functional Gastrointestinal Disorders in Infants and Toddlers, Pediatr Gastroenterol Hepatol Nutr 2017 Mar;20(1):1-13
Avec les problèmes de sommeil, ils constituent l’une des principales causes de consultation médicale pour les bébés de moins de 4 mois.
Que faire en cas de pleurs excessifs ? Comment évoquer les différentes causes possibles, extra-digestives le plus souvent, ou digestives ? Comment soulager votre bébé en fonction des symptômes qu’il présente ? Parents, nous vous invitons à découvrir nos conseils et astuces sur le sujet.
« Coliques du nourrisson » ou « pleurs du soir » ?
Durant ses premières semaines de vie, un nouveau-né peut pleurer jusqu’à 2h par jour au total. Vers l’âge de 3 semaines, peuvent apparaître ce qu’on appelle les « pleurs du soir », qui atteignent un pic à l’âge de 6 semaines et disparaissent vers l’âge de 3 mois. Ils se manifestent par :
- Des pleurs intenses survenant en fin de journée ou en début de nuit (entre 18h et minuit), mais toujours aux mêmes heures pour un même enfant
- Des épisodes de pleurs pendant environ 3 heures par jour, tous les jours de la semaine
- Un bébé agité (visage rouge, cuisses repliées contre son ventre, ventre tendu…)
- Des émissions de gaz
Votre bébé donne l’impression de souffrir de douleurs intenses et vous pensez que son ventre est en cause en raison de ses gaz. Il faut savoir qu’un bébé qui pleure avale de l’air, et que cet air dégluti va ressortir, soit sous forme de rots, soit sous forme de gaz. Ces symptômes vous font penser à un trouble digestif [Les troubles digestifs fonctionnels de bébé], mais les changements de lait et les médicaments à visée digestive n’auront aucun effet.
Actuellement, les scientifiques pensent que ces pleurs du soir sont la traduction d’une période normale d’activité physique et cérébrale du nouveau-né, dont les pleurs sont le seul moyen d’expression. D’ailleurs, dans le ventre de sa maman, le fœtus avait déjà une période d’activité plus intense entre 18h/20h et minuit ! Quand vous étiez enceinte, ne le sentiez-vous pas gigoter au moment d’aller vous coucher ?
Comment réagir face aux pleurs du soir ?
Cette période normale dans le développement physiologique du bébé se termine d’elle-même vers l’âge de 3 à 4 mois. On observe alors les pleurs s’atténuer, puis disparaître, sans séquelles.
Les pleurs survenant chaque soir et semblant souvent inconsolables, cela peut être difficile pour vous, parents. Ces pleurs incontrôlables peuvent vous donner le sentiment d’être impuissants. Si vous vous sentez dépassés par cette situation, n’hésitez pas à consulter le médecin de votre enfant et à vous faire aider par des membres de votre famille ou des amis. Il faut absolument que vous restiez calmes et ne pas vous « énerver » contre ce bébé : ne secouez jamais votre tout-petit , ne le secouez pas, même si vous perdez patience car cela n’arrangera pas la situation et risquera d’entraîner des séquelles cérébrales très graves. Pour accompagner au mieux votre enfant à passer ce cap et éviter d’être angoissés à votre tour, n’hésitez pas à alterner de grands moments de câlins et des moments où vous laissez votre bébé crier quelques instants seul. Il parviendra peut-être à trouver son sommeil Foucaud P, Pleurs excessifs du nourrisson : une démarche diagnostique., bien codifiée, Médecine & enfance décembre 2014 page 360-2, https://www.edimark.fr/Front/frontpost/getfiles/22372.pdf. Demandez à des proches de venir près de votre bébé de temps en temps pour vous permettre de sortir un moment et de "décompresser".
Si ces pleurs ne révèlent pas que votre tout petit a faim, les bébés allaités pourront parfois être calmés par le câlin et la succion de la tétée au sein maternel.
Comment soulager les pleurs du soir ?
Il existe différents moyens pour vous, parents, de soulager et calmer un enfant présentant des crises de coliques. Voici quelques solutions et astuces pour vous y aider :
Une alimentation inchangée
Si votre bébé est nourri au lait maternel, il est vivement conseillé de poursuivre cet allaitement. La tétée peut avoir un effet apaisant sur l’enfant qui présente des « coliques ».
Si votre bébé est nourri au biberon, évitez si possible de multiplier les changements de préparations pour nourrisson (laits infantiles), inefficaces et risquant de le déstabiliser plus qu’autre chose.
Des traitements spécifiques
La phytothérapie (soins par les plantes) Savino F, Cresi F, Castagno E et al, A randomized double-blind placebo-controlled trial of a standardized extract of Matricariae recutita, Foeniculum vulgare and Melissa officinalis (ColiMil) in the treatment of breastfed colicky infants, Phytother Res 2005 Apr;19(4):335-40. Alexandrovich I, Rakovitskaya O, Kolmo E, et al, The effect of fennel (Foeniculum vulgare) seed oil emulsion in infantile colic : A randomized, placebo-controlled study, Alternative Therapies in Health and Medicine; Aliso Viejo Vol. 9, N° 4, (Jul/Aug 2003): 58-61, l’ajout de probiotiques (lactobacillus Reuteri) Savino F, Pelle E, Palumeri E, et al. Lactobacillus reuteri versus simethicone in the treatment of infantile colic: a prospective randomized study. Pediatrics 2007 Jan;119(1):e124-30 Savino F, Cordisco L, Tarasco V, et al. Lactobacillus reuteri in Infantile Colic : A Randomized, Double-Blind, Placebo-Controlled Trial, Pediatrics September 2010, 126 (3) e526-e533 dans l’alimentation de l’enfant ou encore l’utilisation de « julep gommeux » (médicament à base d’eau de chaux et de gomme arabique préparé par le pharmacien) sont autant d’éléments susceptibles d’aider à la diminution des coliques des bébés. Rapprochez-vous d’un professionnel de santé qui vous indiquera le traitement adapté aux symptômes de votre nourrisson.
Une attention toute particulière
Votre présence et votre attention de maman et papa, avec une grande patience, constituent sans aucun doute le plus efficace des traitements pour calmer les « coliques » de votre bébé. Aussi, n’hésitez pas à multiplier câlins, peau à peau, massages, bisous, comptines et autres mots rassurants pour apaiser votre enfant. Le bain et les promenades (dans les bras, en poussette, ou en voiture) sont également un bon moyen de calmer les nourrissons.
Je retiens Ce qu’on appelle couramment les « coliques du nourrisson » ne sont pas une maladie, elles sont communes et surviennent dans le développement de beaucoup de bébés. Pour de nombreux spécialistes, ce terme évoque à tort des douleurs au niveau digestif, alors qu’on devrait plutôt parler de « pleurs excessifs » du nourrisson. |
Pleurs autour des repas : signes de coliques du nourrisson ?
Plusieurs causes peuvent être à l’origine de douleurs gastro-intestinales :
Les enfants gloutons, ou qui avalent beaucoup d’air pendant la tétée
Le remplissage de l’estomac entraîne par réflexe (réflexe gastro-colique) une activation des mouvements de l’intestin, c’est pourquoi les bébés ont souvent une selle après le repas. Si votre bébé boit très vite, sans faire de pauses et donc sans rots intermédiaires, les mouvements de l’intestin deviennent violents et très douloureux. Il aura alors du mal à terminer son repas même s’il a encore faim car dans cette situation, plus il boit de lait, plus il a mal au ventre. Il convient alors de suivre les recommandations suivantes, afin d’apaiser votre bébé :
- Faites des pauses régulièrement au cours de la tétée, afin que votre bébé puisse faire des rots
- S’il semble déglutir trop vite, retirez fréquemment le sein ou le biberon de la bouche de votre bébé, et choisissez éventuellement une tétine plus dure (silicone) et à plus faible débit
- Desserrez très largement ses couches et choisissez des vêtements sans ceinture ni élastique à la taille,
- S’il n’est pas allaité, optez pour des biberons avec une valve dite anti-colique, qui permet de limiter la déglutition d’air
- Vous pouvez aussi, en accord avec votre pédiatre, changer de lait infantile pour une formule épaissie
Les enfants qui digèrent mal le lactose
Si vous observez que les pleurs de votre nourrisson surviennent 20 à 30 minutes après chaque tétée, il pourrait avoir des difficultés à digérer le lactose, un glucide très présent mais plus digeste dans le lait maternel, que dans le lait infantile.
Cette mal-digestion s’accompagne des symptômes suivants :
- Ballonnement abdominal
- Emission de gaz
- Selles liquides et acides, parfois à l’origine d’un érythème fessier
La mal-digestion du lactose est à distinguer de l’intolérance au lactose, qui est exceptionnelle. En cas de doute, n’hésitez pas à consulter le pédiatre qui suit votre enfant, afin qu’il puisse poser un diagnostic précis.
Pour en savoir plus, vous pouvez lire notre article Intolérance au lactose : causes, symptômes et solutions.
En cas de mal-digestion, vous, parents, pourrez opter pour un lait infantile plus pauvre en lactose, et éventuellement enrichi en lactase en accord avec le médecin de votre enfant. A la place d’un lait 1er âge ayant une fraction glucidique composée de 100 % de lactose, choisissez un lait avec moins de lactose, 50% par exemple.
Les bébés allergiques aux protéines de lait de vache (APLV)
Des pleurs survenant plus ou moins rapidement après le biberon font partie des divers symptômes d’une APLV. Le pédiatre confirmera ce diagnostic suite à des tests biologiques et l’essai d’un régime alimentaire sans protéines de lait de vache. Il s’agira alors de choisir un lait infantile adapté à cette allergie, c’est-à-dire avec des protéines de lait de vache hydrolysées (fragmentées en petites particules sous l’action d’enzymes) ou à base de protéines de riz, donc absolument sans protéines de lait de vache.
Pour en savoir plus, consultez notre article Allergie alimentaire : votre bébé est-il APLV ?
Votre bébé est-il bien rassasié ?
Si votre enfant pleure à la fin de chaque repas, la première chose à faire est de consulter sa courbe de poids. Si elle suit un développement normal, ses pleurs excessifs ne signifient pas nécessairement qu’il a faim. La solution à ces pleurs ne résidera donc pas dans l’augmentation des rations de lait proposées.
Si la satiété de votre bébé n’est pas comblée, les mamans qui allaitent peuvent mettre en place des tétées plus prolongées et plus fréquentes afin de stimuler leur lactation.
Si le bébé n’est pas nourri au lait maternel, on pourra changer de lait infantile pour choisir un lait présentant un rapport caséine / protéines solubles plus élevé (80% environ) et un taux de lactose moins important, au profit de dextrine maltose ou d’amidon.
Si les pleurs de votre nourrisson ont lieu à toute heure, aussi bien le jour que la nuit, d’autres causes peuvent être évoquées :
- Constipation douloureuse
- RGO dit interne
- Evolution du rythme de sommeil du bébé
- Cause médicale autre que digestive
- Causes psychologiques, comme une dépression maternelle
Mon bébé pleure : a-t-il obligatoirement des « coliques » ? Gardez à l’esprit que les pleurs constituent avant tout un moyen de communication pour les bébés. Les symptômes associés cités précédemment, en plus des pleurs, doivent être recherchés pour déterminer une cause possible. Si votre enfant mange et dort correctement, a une courbe de croissance satisfaisante, gazouille et joue comme à son habitude entre les épisodes de pleurs, il n’y a pas de raison de vous inquiéter. Cette période de « pleurs excessifs » cessera d’elle-même. Dans le cas contraire, veillez à consulter un professionnel de santé ou le médecin de votre enfant. |
Annexes :
Mpedia, Coliques et pleurs du nourrisson, comment les décoder ?, https://www.mpedia.fr/art-decoder-les-pleurs-et-coliques/
Mpedia, Coliques et pleurs du nourrisson, comment réagir ?, https://www.mpedia.fr/art-gerer-les-pleurs-coliques/
Sources :